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Le soleil sur les flots

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INNOVATION. Jeune, brillante, adaptable, la technologie photovoltaïque l’est tout autant que la génération qui la met en oeuvre. Ils ne dépassent pas trente ans, nos collaborateurs qui réalisent le premier projet flottant de France et le plus grand d’Europe, à Piolenc, dans le Vaucluse.

Carte Piolenc

Avec sa combinaison de plongeur, son casque et son t-shirt orange à bandes réfléchissantes, Jean-Patrick Galtier a tout du pêcheur… et du compagnon. Sa tâche est ardue. Les pieds dans l’eau, en équilibre sur les pontons flottants au milieu des cinquante hectares du lac artificiel de Piolenc, il amarre un îlot de 784 panneaux photovoltaïques à un autre identique, déjà en place. Deux bateaux semi-rigides, moteur et VHF allumés, sont nécessaires pour répartir la poussée et maintenir le nouvel ensemble avec des cordages, appelés des “bouts”.

Début avril, l’eau a heureusement dépassé les 4 °C du creux de l’hiver. Pendant ce temps, sur la berge, encore d’autres panneaux photovoltaïques sont montés sur des flotteurs en polyéthylène haute densité, avant d’être assemblés puis poussés à l’eau. Il faut moins de cinq minutes à la vingtaine de travailleurs présents pour préparer les modules puis mettre à l’eau un îlot de 35 tonnes et 3 000 m², soit presque autant qu’un terrain de football. D'ici à quelques jours, ils s’interrompront jusqu'en juillet pour laisser la place aux oiseaux. Quand le vent dépasse 25 nœuds (soit 46 km/h), l’opération est suspendue. Idem en cas de grosse pluie, comme il en advient souvent dans le Sud de la France en cette saison. Le photovoltaïque flottant n’est pas un long fleuve tranquille.

Innovations et adaptabilité

Avec le projet Omega 1, c’est la première fois que nous intervenons pour le compte d’Akuo Energy, qui distribue le système flottant breveté sous le nom d’Hydrelio. Trente personnes gèrent une trentaine d’opérations photovoltaïques par an chez nous. Deux ou trois projets flottants sont prévus en 2020, sur d’anciennes carrières inondées ou en haut de barrages, la part du photovoltaïque pouvant être installée sur l’eau d’ici à cinq ans est de 5%. L’intérêt de cette configuration, c’est qu’elle ne nécessite pas d’occuper un terrain foncier constructible.

Étant donné que c’est la première fois que nous réalisons une infrastructure flottante, nous avons dû inventer tous les modes opératoires, observe Sophie Desoubry, 28 ans, responsable du projet Omega 1 à Piolenc. Nous avons ainsi effectué plusieurs essais pour poser le treuil dont nous avions besoin pour tirer les câbles sur les îlots une fois sur l’eau. Nous avons finalement opté pour une barge flottante. 

Pour être au plus près du chantier, Sophie a partagé une maison en colocation pendant six mois avec deux autres collaborateurs dont Jean-Patrick, qui a été mis à disposition par l’agence de Bouygues Energies & Services de Bourg-lès-Valence.

Par ailleurs, nous avons transposé nos exigences chez nos sous-traitants, notamment en termes de sécurité, poursuit celle qui était ravie d’apprendre à faire des nœuds marins. Nous avons également recruté un peu localement par voie d’affichage en mairie.

Au-delà des défis liés à la construction, une autre innovation : socioéconomique celle-ci. Les habitants de la région ont été invités à investir dans le projet, invitation à laquelle ils ont répondu à hauteur de 6 millions d’euros, dans le cadre d’une plateforme de financement participatif.

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panneaux photovoltaïques à Piolenc
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Notre client a particulièrement apprécié notre démarche de lean management [une méthode de travail qui vise à éliminer les gaspillages, NDLR], souligne Karim Hmimssa, notre responsable de la construction de centrales photovoltaïques à Montpellier, où est basée l’activité. Mais aussi le fait que nous nous positionnons sur tous les projets innovants : les panneaux qui suivent la course du soleil, dits avec “trackers”, ou ceux associés aux batteries de stockage par exemple… Notre statut de leader sur ce marché en France, adossé à un grand groupe, a achevé de le convaincre.

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Donner du sens

Louis Driey, maire de Piolenc depuis 1995, a été particulièrement moteur sur le sujet depuis 2008 déjà :

Piolenc, avec ses 5 300 habitants, est quasiment une commune à énergie positive avec ses trois éoliennes, ses bornes de recharge de véhicules électriques, son aire de covoiturage, sa ferme de permaculture, son éclairage public en leds et son lotissement en autoconsommation d’énergie.

Le projet a été laureat de l’appel d’offres CRE4 lancé par la Commission de la régulation de l’énergie (CRE) en 2017, ajoute Jean-Baptiste Limongi, 24 ans qui représente Akuo Energy. Mais l’idée est d’y voir autre chose que de la pure production d’énergie. Une parcelle a été aménagée à côté du lac par notre filiale Agriterra pour accueillir un agriculteur en maraîchage biologique ainsi que des ruches. Les cinq hectares de maraîchage alimenteront les cantines de Piolenc. Nous sensibilisons aussi les enfants aux enjeux des énergies renouvelables au centre de loisirs de la commune.

 

—— Marie-Sophie Boissy